Quel avenir pour les soins de santé ?
Dans un avenir dominé par la technologie, pour relever les multiples défis auxquels le monde est aujourd’hui confronté, les organisations de santé devront évoluer de manière radicale.
L’industrie mondiale de la santé est à l’aube d’une transformation majeure car un ensemble de nouvelles technologies concourent à bouleverser les modalités de soin du XXIe siècle.
Cette dynamique est en marche : édition génétique d’un embryon humain pour des raisons médicales, préparation des interventions en chirurgie cardiaque néonatale à l’aide de maquettes anatomiques imprimées en 3D et, première mondiale, livraison par drone d’un rein à une patiente attendant un donneur depuis plusieurs années. Tous ces développements prometteurs ont vu le jour récemment dans ce qui s’annonce comme l’aube de l’innovation en matière de soins de santé.
Lors de la 75e Assemblée mondiale de la Santé tenue la semaine dernière, Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, a déclaré : « Permettez-moi de commencer par les efforts que nous avons déployés pour qu’un milliard de personnes bénéficient d’une meilleure santé et d’un plus grand bien-être. Selon nos prévisions, nous atteindrons quasiment cette cible d’ici à 2023, mais ces progrès ne représentent qu’un quart environ de ce qui est nécessaire pour atteindre les cibles fixées dans les Objectifs de développement durable. Il y a cependant des tendances encourageantes et des succès à célébrer. »
Ces nouvelles tendances pourraient avoir d’importantes répercussions sur le mode de gestion de nos systèmes de santé, ainsi que sur la conception, le dimensionnement et les effectifs des établissements de santé de demain. L’évolution démographique et économique, associée aux progrès technologiques et à un consumérisme croissant, permet d’offrir davantage de services de santé dans des établissements de soins ambulatoires, libérant ainsi les soins hospitaliers pour les cas plus complexes. Quelle en est l’incidence sur les soins de santé tels que nous les connaissons ? Et comment ces nouvelles tendances s’articulent-elles avec la protection de la sécurité et de la santé des patients ?
La nécessité d’améliorer la prestation des soins de santé est examinée par le comité technique ISO/TC 304, Management des organisations de soins de santé. Pour assurer des soins axés sur la personne et dispensés au bon moment, de manière à la fois efficace, efficiente et sûre, avec un minimum de risques, une future norme (ISO 7101) apportera aux cliniciens, aux patients et aux soignants la structure et les éclaircissements dont ils ont besoin pour entrer dans cette ère fascinante des soins de santé.
À quoi pourraient donc ressembler les soins de santé dans le monde dans une dizaine d’années ?
Pléthore de publications
À quoi pourraient donc ressembler les soins de santé dans le monde dans une dizaine d’années ? L’ISO/TC 304 réunit des experts de tous les domaines de la prestation de soins de santé, notamment des cliniciens, des administrateurs d’hôpitaux, des représentants de différents ministères de la santé et des spécialistes de la qualité, en vue d’étudier différents sujets tels que la planification des soins de santé, la gestion des risques, l’équité et les populations vulnérables, ou la formation du personnel. L’ambition est de partager les connaissances acquises de différents modèles de soins de santé afin de créer un ensemble de normes reconnues pour le management d’organisations de soins de santé de haute qualité susceptibles d’être utilisées pour améliorer les systèmes de santé et les résultats pour les patients partout dans le monde.
Angela McCaskill, infirmière diplômée et Directrice, Communication et programmes d’audit, au sein du Healthcare Standards Institute, est chef de projet du groupe de travail de l’ISO/TC 304 chargé de la nouvelle norme. « Lorsque j’ai commencé mes recherches sur la qualité des soins de santé dans le monde, j’ai constaté la multiplicité des publications préparées par des universités, des organismes de santé ou des ONG sur les bonnes pratiques, mais ces principes ne semblaient pas être partagés ou mis en œuvre au niveau mondial. » L’objectif, dit-elle, est que l’ISO produise une norme qui pourra être adoptée et comprise facilement dans le monde entier de manière à servir de référence pour les particuliers, les parties prenantes, les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds.
Dans l’état actuel des choses, les organisations de santé et les bailleurs de fonds reconnaissent qu’il ne sert à rien d’avoir quantité de résultats si la qualité est si faible qu’elle ne permet pas d’amélioration durable. Le projet mené par les experts de l’ISO vise donc à créer une norme de système de management de la qualité des soins de santé apte à être utilisée par toute organisation de santé, indépendamment de sa taille et du niveau de ses ressources, partout dans le monde.
Façonner les soins de santé à l’échelle mondiale
L’Animateur du groupe chargé des normes relatives à la qualité des soins de santé, Adam Layland, ancien ambulancier et cadre au sein du Service de santé du Royaume-Uni, estime que la nouvelle norme ISO est plus nécessaire que jamais à ce stade. « Les organismes de santé sont depuis des années confrontés à une triple menace, à savoir diminution des ressources financières, pénurie de main-d’œuvre et vieillissement de la population. » Fort de son expérience du management des soins de santé – il a présidé le comité britannique sur le management des organisations de santé – M. Layland est convaincu que l’expertise de l’ISO sera plus que bienvenue pour rééquilibrer les choses.
La pandémie de COVID-19 a souligné à quel point il était essentiel d’assurer différemment les prestations de soins. M. Layland estime que ce tout nouvel enjeu de santé pourrait entraîner des changements positifs dans le domaine des soins de santé à l’échelon mondial. « Nous avons la possibilité de nous aider mutuellement à obtenir les meilleurs résultats possibles en matière de santé. L’élaboration de cette nouvelle norme améliorera les soins dispensés par nos professionnels de la santé et aidera à surmonter les menaces qui pèsent sur les soins de santé auxquelles nous sommes collectivement confrontés. Cette norme concerne toute la planète, et des experts du monde entier nous aident à l’élaborer. »
En s’appuyant sur un consensus mondial, les organisations pourront montrer leur engagement en faveur de la qualité, de l’amélioration continue et de politiques qui sont appuyées par des objectifs et des indicateurs axés sur les résultats. Les données recueillies permettront de mesurer les performances et de fournir des preuves aux parties prenantes intéressées. En fin de compte, cela favorisera le partage des bonnes pratiques utilisées dans les hôpitaux et les établissements de soins de tous les pays, afin de contribuer à améliorer les soins que les patients reçoivent partout dans le monde.
Jamais dans l’histoire moderne les travaux de l’ISO/TC 304 n’ont été aussi urgemment nécessaires.
Appel à l’action
Voilà pourquoi cette norme a besoin de tous les apports possibles au niveau mondial. Les nouveaux pays participants sont invités à venir grossir les rangs de l’ISO/TC 304 afin de contribuer à l’élaboration d’une norme qui aura un impact positif pour les patients du monde entier. À cet égard, Mme McCaskill précise que le concours d’experts issus de pays représentant toutes les catégories de revenu de l’OCDE a été rapidement obtenu et que des efforts particuliers ont été déployés pour faire entendre la voix des pays du Sud. Parmi ces pays figurent notamment le Ghana, le Malawi, le Cameroun, le Nigéria et le Brésil. « C’est l’un de nos plus grands défis et il est indispensable pour l’accessibilité, l’applicabilité et le succès de la norme que celle-ci représente une population mondiale », fait-elle observer en précisant : « Les leçons que l’on peut apprendre les uns des autres sont précieuses, elles changent la vie et sont indépendantes de notre statut économique. »
Reconnaissant que le processus prend effectivement du temps, Mme McCaskill est cependant convaincue que jamais dans l’histoire moderne les travaux de l’ISO/TC 304 n’ont été aussi urgemment nécessaires. « Nous ne sous-estimons pas la somme de travail qu’une norme comme celle-ci implique et nous avons déjà une équipe solide et motivée qui travaille d’arrache-pied depuis près de 16 mois. Nous recherchons néanmoins constamment la collaboration et les connaissances de toute organisation ou de tout pays soucieux de faire progresser la qualité des soins de santé ou de partager ses bonnes pratiques. » C’est essentiel pour notre succès et cela aidera l’ISO à établir une norme véritablement de classe mondiale, à l’impact décisif.
Si vous êtes intéressés à participer aux travaux de l’ISO/TC 304 ou du groupe de travail WG 5, Management de la qualité des soins de santé, veuillez prendre contact avec le Manager du comité technique, M. Lee Webster, à l’adresse suivante : lwebster@ingenesis.com.
Pour en savoir plus sur l’ISO/TC 304, consultez la page https://www.iso.org/committee/6131376.html.