Autrefois simple entreprise productrice de fécule et de flocons de pomme de terre, KMC, dont le siège social et les sites de production sont au Danemark, s’est ensuite diversifiée pour fournir également à ses clients dans le monde entier des ingrédients spécialisés. Avec des solutions innovantes, telles que le remplacement des protéines communes employées dans les produits laitiers et en confiserie par des solutions à base d’amidon de pomme de terre, l’entreprise permet aux industriels de l’agroalimentaire de produire des produits moins chers, plus sains et moins sujets à controverses. Résultat : KMC a enregistré une forte croissance et, aux yeux de sa Responsable qualité, ISO 22000 joue un rôle majeur – voire essentiel – pour le développement futur de l’entreprise.
ISOfocus : Pour votre entreprise, quel est l’atout principal des systèmes de management des denrées alimentaires tels qu’ISO 22000 ?
Marianne Dam : KMC, qui est spécialisée dans les ingrédients, livre différents produits au marché mondial des denrées alimentaires. Pour nous, il est indispensable de pouvoir compter sur un système de management des denrées alimentaires efficace et fiable, tout d’abord en raison de notre responsabilité vis-à-vis de nos clients (généralement en B2B) en cas de problèmes liés à la sécurité des denrées alimentaires et, en fin de compte, car c’est notre devoir face à ceux qui utilisent nos produits dans le monde entier. Notre système de management nous aide à être sûrs, concentrés et efficaces dans la mise en œuvre de notre production.
Faire certifier son système de management des denrées alimentaires par un organisme tiers présente des avantages évidents. Les certificats sont la première preuve valable que des systèmes sont en place dans notre entreprise et, pour bon nombre de nos clients, ils représentent une part importante de leur processus d’approbation des fournisseurs. Sans une telle reconnaissance, il nous serait certainement impossible de gérer les activités que nous menons actuellement.
De manière plus générale, notre système de management nous a permis de regrouper dans l’entreprise le savoir-faire interne avec lequel les procédures sont formalisées. Il nous sert notamment à optimiser la formation et l’apprentissage de tous les employés, à mettre en œuvre un contrôle de la gestion des enregistrements pour être sûrs que l’on envoie bien aux bonnes personnes des informations justes et à jour, et il nous aide à améliorer le rôle de l’encadrement et son mode de communication avec le reste de l’organisation.
Voilà les éléments qui nous ont permis de développer nos activités, et d’évoluer au-delà de la simple fourniture de produits de base pour devenir producteurs d’ingrédients destinés à nos clients du monde entier, qu’ils opèrent dans l’alimentation destinée à la consommation humaine, ou pour la nourriture du bétail ou des animaux domestiques. Il est intéressant de noter qu’aujourd’hui, dans l’industrie des aliments pour bétail ou animaux domestiques, les exigences applicables aux matières premières sont aussi élevées que pour la consommation humaine.
Quels sont, selon vous, les plus grands défis qui se posent pour la sécurité des denrées alimentaires et les systèmes de management et de certification correspondants ?
Le plus grand défi dans ces domaines tient au fait que le produit réel n’est pas suffisamment bien appréhendé et que de surcroît, dans ce marché mondial actuel très complexe, il n’y a pas de rapport de confiance entre acheteurs et fournisseurs. La communication et l’échange de documentation et de marchandises sont toujours plus aisés, au point que bon nombre de nos clients exigent des manuels qui soient valables pour toutes les matières premières, et qui expliquent comment procéder en cas d’ « incident ».
Malheureusement, comme beaucoup d’entreprises ont recours à une vaste gamme de matières premières différentes, il n’est pas possible de dresser un descriptif détaillé de chacun des composants. Même si la documentation de base et la certification sont une très bonne chose, il faut aller dans le sens de la coopération et du partenariat pour rester centrés sur la sécurité des denrées alimentaires, la qualité des produits et la responsabilité individuelle.
De quelle façon ISO 22000 et la certification Food Safety System (FSSC) contribuent-elles à relever ces défis ?
L’avantage principal d’ISO 22000 tient au fait qu’il s’agit d’une norme générale ; ses principes peuvent donc être utilisés pour toute une gamme de secteurs de la filière qui s’appuient sur la logique de l’évaluation du risque. L’entreprise qui met en œuvre la norme assume la responsabilité de gérer sa propre production et ses produits en utilisant son savoir-faire et son expérience propres. Bien entendu, tout le système repose sur une documentation appropriée et un travail d’analyse pertinent de la situation, et les audits effectués par des tiers garantissent que l’entreprise opère avec un niveau de qualité acceptable pour une industrie agroalimentaire moderne.
En quoi les normes et les exigences croissantes en termes de certification, documentation, audits, etc. affectent-elles les relativement petites entreprises du secteur alimentaire mondial ?
microscope polarisant.
Les exigences de certification sont de plus en plus complexes et l’exercice prend du temps. Aujourd’hui, les clients attendent un niveau minimum essentiel en termes de qualité des produits et de sécurité des denrées alimentaires, mais aussi en termes de durabilité et d’éthique commerciale. Il existe de nombreuses normes avec différents types de « propriétaires » et beaucoup de clients ont des préférences. Il est donc difficile de savoir quel est le produit le plus adapté et/ou le plus complet. Si les grands fournisseurs peuvent se permettre de décider eux-mêmes des certifications qu’ils souhaitent obtenir, les risques en jeu sont plus importants pour les petites entreprises.
La question de la tarification pose ici problème car il faut bien que quelqu’un prenne en charge les coûts de gestion et de documentation qui viennent en plus. C’est un élément qui compte pour une entreprise relativement petite. Il arrive que, pour la survie de l’entreprise, il faille proposer au client une autre formule ou simplement lui dire non.
Quelles modifications/améliorations d’ISO 22000 la rendrait à vos yeux plus pertinente pour vos activités ?
ISO 22000 ne peut être utilisée seule en raison des exigences générales des clients du monde entier soucieux que les certifications de conformité à la norme soient reconnues par la Global Food Safety Initiative (GFSI), qui gère un programme de référencement des normes de sécurité des denrées alimentaires pour les fabricants. Aujourd’hui, pour résoudre ce problème, on peut ajouter une « couche » supplémentaire ayant trait aux bonnes pratiques de fabrication associées aux produits alimentaires, qui donne lieu à la certification FSSC 22000 Food Safety System. Le système en question est un cadre pour gérer efficacement les responsabilités de votre organisation en matière de sécurité des denrées alimentaires, qui est pleinement reconnu par la GFSI. Dans un avenir proche, il sera également possible de procéder de la même façon dans la filière pour l’alimentation animale.
Pour qu’ISO 22000 conserve toute son importance pour l’industrie agroalimentaire, il serait bon d’avoir des annexes similaires pour la durabilité et une approche éthique. La norme serait ainsi un socle de base avec un large éventail de possibilités pour concevoir un système intégré pour l’entreprise.
L’ISO a l’énorme avantage d’être reconnue à l’échelle internationale et, espérons-le, elle relèvera le défi et facilitera ainsi la tâche d’un plus grand nombre d’entreprises dans le monde entier.