La crème de la crème avec les normes

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Mots clés : Produits alimentaires
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Élevé dans une ferme laitière du sud de l'Ontario, au Canada, John Walter, aujourd'hui Directeur général du Conseil canadien des normes (CCN), n'auraitjamais imaginé qu'une enfance passée à traire les vaches le conduirait à faire carrière dans la normalisation. Il nous raconte ici comment la vie à la ferme peut ouvrir des horizons insoupçonnés.

Ma carrière tout à fait « atypique » dans la normalisation a débuté pratiquement à ma naissance, à la fin de la Seconde guerre mondiale. Les pays étaient en ruines et le monde sortait lentement des décombres. La création de l’ISO, en 1947, était l’un des moyens mis en place par la communauté internationale pour rétablir la paix, restaurer la stabilité et rebâtir la confiance.

J’ai eu la chance de grandir au sein d’une famille qui possédait une grande ferme laitière non loin de Goderich, dans la province de l’Ontario. Notre lait était produit par une race de vaches – Holstein – dont l’élevage obéit à des standards internationaux.

Un aïeul visionnaire

Mon arrière-grand-père fut l’un des premiers au Canada à vendre son lait dans des bouteilles en verre. Avec cette solution ingénieuse, il a contribué à l’élaboration de normes pour garantir la propreté de ces récipients.

Plus tard, au tout début du 20e siècle, ma famille a abandonné la production du lait en bouteilles au profit de la production de crèmes glacées et de beurre. Cette nouvelle orientation a bien sûr nécessité le recours à des normes pour les nombreux traitements qui entrent en jeu dans ce type d’activités – notamment pour la pasteurisation, l’homogénéisation, l’hygiène, le stockage, la réfrigération, etc. jusqu’au traitement des eaux usées. Aujourd’hui, ISO 8086 est l’une des nombreuses normes importantes qui établissent les conditions d’hygiène dans les exploitations laitières.

Débuts précoces

Ma carrière atypique dans la normalisation a débuté pratiquement à ma naissance.

J’ai grandi dans une ferme de production laitière, où j’ai commencé à travailler à l’âge de 12 ans. J’avais un salaire royal – un dollar par jour – et pouvais manger autant de glaces que je voulais. Le commun des mortels ne sait pas forcément que les normes existent. Moi, on m’a appris très tôt les avantages tangibles qu’elles pouvaient avoir dans une exploitation laitière. J’ai compris des années plus tard que les normes sous-tendent pratiquement tous les produits, services et systèmes, dans tous les secteurs de l’industrie.

J’ai vite saisi l’intérêt des normes pour la pasteurisation et l’homogénéisation. J’ai su que l’on utilisait de l’ammoniac pour la réfrigération et qu’il fallait créer de la vapeur pour la pasteurisation. Pour garantir la pureté de l’eau, il était en outre indispensable d’avoir un système d’assainissement et une hygiène irréprochables.

L’écrémage est nécessaire pour mesurer la teneur en matière grasse butyrique. J’ai vu d’emblée à quel point la métrologie – la science des mesures – est essentielle pour garantir que les récipients destinés à contenir une livre de beurre soient bien étalonnés. J’ai aussi pris conscience du contrôle de produit, sachant qu’il y a des limites strictes pour la teneur en eau du beurre.

Quand j’ai quitté l’entreprise familiale, j’ai travaillé pour le Gouvernement de l’Ontario : mon premier emploi, que j’exerçais à temps partiel pour payer mes études à l’université de Guelph était dans un établissement pénitentiaire. À première vue, le lien logique n’est pas évident, pourtant, croyez-le ou non, mon rôle y était, entre autres, de traire des vaches !

Logique suivie

Durant les 18 années que j’ai passées au Ministère des Services correctionnels de l’Ontario, les normes resteront un jalon constant. Comme vous le savez peut-être, les établissements pénitentiaires sont des communautés autonomes qui impliquent de nombreuses activités : stockage de produits alimentaires, préparation de repas, prestation de services médicaux et dentaires, formations, programmes de travail, etc. – qui doivent toutes être menées en se conformant à des dizaines de normes.

Ayant utilisé des normes pendant des années, tant dans ma vie privée que dans mon travail, j’ai été nommé sous-ministre adjoint de la division des Normes techniques au Ministère de la Consommation et du Commerce de l’Ontario. Dans le cadre de ce mandat, j’ai adopté et référencé des codes et des normes pour les bouilleurs et les appareils à pression, les appareils élévateurs et de divertissement ainsi que les carburants (pétrole et essence, propane), contribuant ainsi à créer, pour des millions de personnes, les conditions nécessaires à leur sécurité, à leur bien-être économique et à la préservation de l’environnement.

Il y a 30 ans jour pour jour, le destin a voulu que je quitte l’Ontario pour poursuivre ma carrière auprès de l’Association canadienne de normalisation (aujourd’hui le Groupe CSA) en qualité de Vice-Président à l’élaboration de normes. Dans ce cadre, j’avais pour responsabilité l’élaboration et la mise à jour de plus de 3 000 normes, codes, lignes directrices et documents divers qui jouent un rôle très important pour le gouvernement local, les industries et les consommateurs du Canada.

Superviseur

Il n’y a rien de plus plaisant que de savourer une glace préparée dans les règles de l’art : avec des normes.

J’officiais depuis huit ans au sein du Groupe CSA quand le Ministre de l’Industrie du Canada m’a proposé le poste de Directeur général du Conseil canadien des normes (CCN). J’y exerce actuellement mon second mandat, en charge de superviser le réseau de normalisation canadien. Cette communauté, qui rassemble des parties prenantes du gouvernement, de l’industrie, des associations de consommation et de la recherche, ainsi que des experts, œuvre à la promotion et à la diffusion des normes pour améliorer la qualité de vie des Canadiens.

Rétrospectivement, s’il y a un message auquel je souscris, c’est que toutes les sociétés se fondent sur un ensemble de normes qui modulent le quotidien de milliards d’hommes et de femmes. La plupart ne mesurent pas à quel point leur mode de vie et leur bien-être dépend de normes qui sont élaborées et mises à jour à l’échelon international par un petit noyau d’experts.

Tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans les normes ou dans la normalisation en général peuvent être fiers du travail formidable qu’ils font. Qui plus est, ils peuvent – ils doivent – parler de leur travail à leurs proches, à leurs amis et à leurs collègues, pour faire avancer la cause des normes.

Les normes servent en effet de socle à toute une infrastructure invisible sans laquelle nos sociétés ne pourraient fonctionner, nos lampes resteraient éteintes, nos appareils ne répondraient plus et l’eau courante ne serait pas potable. Les normes, qui donnent un cadre à pratiquement tout ce qui se produit dans le monde, sont pour chacun de nous une garantie de santé, de sécurité, de fiabilité, de productivité, de développement durable et de bien d’autres choses encore.

Après tout, quoi de plus plaisant que de savourer une glace préparée dans les règles de l’art : avec des normes.

John Walter est Directeur général du Conseil canadien des normes et Vice-président (questions de politique) de l’ISO pour la période 2014-2015. À ce titre, il exerce de nombreuses responsabilités au sein de l’ISO : il dirige le Comité de l’ISO sur la stratégie et la politique, appuie les réalisations du Plan stratégique de l’ISO et assure une communication efficace sur les dossiers stratégiques qui concernent l’ISO et ses parties prenantes.

 

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Elizabeth Gasiorowski-Denis

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